Retrouvez l'article sur le site de l'InsermUn tiers des décès masculins et un quart des décès féminins sont dus au cancer. Bien que sa mortalité diminue depuis deux décennies, au moins pour certains types de cancer, son incidence globale augmente (de 60 % entre 1980 et 2000), en raison du vieillissement de la population, de la généralisation des techniques d’exploration et dépistage et de causes environnementales. Les personnes âgées sont le plus souvent touchées, un tiers des diagnostics concernant des individus de plus de 75 ans. Mais, quoique rare, le cancer touche aussi les enfants et représente la deuxième cause de mortalité entre 1 et 14 ans (20 % des décès).
Le cancer du sein est le premier cancer féminin (89 cas pour 100 000) et, malgré une amélioration du pronostic, la première cause de mortalité dans la population féminine. Environ 110 000 femmes sont traitées chaque année dans un établissement hospitalier. Chez l’homme, c’est le cancer de la prostate qui domine (75 cas pour 100 000), avec un diagnostic précoce amélioré par le dosage PSA. Chaque année 89 000 patients sont hospitalisés. En troisième position vient le cancer du côlon et du rectum (39 cas pour 100 000 chez l’homme, 25 cas pour 100 000 chez la femme), qui représente la deuxième cause de mortalité chez les femmes et la troisième chez les hommes. Le cancer du poumon, qui touche 52 hommes et 9 femmes pour 100 000, reste le premier « tueur » en raison de son mauvais pronostic. On observe une tendance à la baisse d’incidence chez les hommes et à la hausse chez les femmes, en raison de l’évolution de la prévalence du tabagisme depuis trois décennies. Tous les tissus ou presque peuvent faire l’objet d’un cancer, avec, par ordre décroissant d’incidence dans la population française, la bouche et le pharynx, la lymphe (lymphomes malins non hodgkiniens), la vessie, le rein, la peau (mélanome), le pancréas, l’estomac, la thyroïde, le foie, l’utérus l’œsophage, les plasmocytes (myélome multiple), l’ovaire, le système nerveux, le larynx, les cellules hématopoïétiques (leucémies), le col de l’utérus, le testicule et la plèvre.
Les cancers ayant des causes connues représentent aujourd’hui 50 % des cas. Cela a permis d’organiser des politiques de prévention contre les principaux facteurs de risque connus liés à notre environnement ou notre comportement : tabac (25 % des décès par cancer à lui seul), alcool, sédentarité, surpoids, déséquilibre nutritionnel, exposition trop précoce ou trop longue au soleil, exposition professionnelle à des substances cancérogènes. Mais dans la moitié des cas, il est impossible d’attribuer une cause ou plusieurs causes précises à l’apparition du cancer. L’hypothèse est que ces cancers à étiologie complexe sont dus à une addition ou une potentialisation de risques faibles d’origine génétique et environnementale. Les travaux de génétique montrent de manière de plus en plus convaincante que nous sommes inégaux face au cancer, certains polymorphismes génétiques liés au métabolisme, à la signalisation et à la réparation cellulaires étant associés à une susceptibilité accrue chez leurs porteurs.
Le dépistage précoce étant gage d’un bon pronostic dans beaucoup de cancers, des efforts considérables sont menés en ce domaine. La mammographie pour les femmes de plus de 50 ans et le dépistage du cancer colorectal (analyse du sang des selles et coloscopie) après 50 ans pour les deux sexes sont généralisés sur tout le territoire. La recherche de facteurs de prédisposition, définissant des stratégies préventives pour les populations à risque, et de biomarqueurs diagnostiques pour l’ensemble des cancers, permettant de repérer au plus tôt le développement de la tumeur, représente un défi important des années à venir.
Le cancer forme donc un enjeu de santé publique fort, enjeu humain, social, mais aussi sociétal et économique. Le coût économique important de cette maladie pour le pays est évident, et les associations de malades en ont souligné l’impact humain et social, pour eux-mêmes comme pour leurs proches.
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